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Le leader autochtone Leonidas Iza poursuivi après une procédure de justice autochtone

Statut: 
Acharnement judiciaire
À propos de la situation

Le 3 septembre 2025, le leader autochtone et défenseur des droits humains Leonidas Iza s'est présenté devant le parquet provincial de Cotopaxi pour faire une déposition dans le cadre d'une enquête où il est accusé d'enlèvement. Ces accusations sont liées à la détention présumée de trois policiers par des membres de la communauté de San Ignacio dans la parroquia Toscazo le 18 août 2025, après qu'ils ont été surpris en train de surveiller le leader autochtone. Les policiers ont été libérés à l'issue d'une procédure de justice autochtone de trois jours, reconnue par la Constitution de la République d'Équateur.

À propos de Leonidas Iza

Leonidas Iza est un défenseur des droits humains autochtone Kichwa Panzaleco ; il est membre de l'Organizaciones Campesinas del Norte de Cotopaxi (UNOCANC) qui appartient au Movimiento Indígena y Campesino de Cotopaxi (MICC), et l’ex président de la Confederación de Nacionalidades Indígenas Del Ecuador (CONAIE). Cela fait plus de 15 ans qu’il participe au mouvement autochtone d’Équateur, en tant que défenseur des droits des peuples autochtones, de la nature et des paysans. Leonidas Iza a déjà été poursuivi pour avoir exercé son droit légitime de manifester pacifiquement. Il a notamment été détenu arbitrairement en 2022 lors de la grève nationale et injustement accusé d'être le cerveau d'actes violents. Avec cette nouvelle procédure judiciaire, c’est le 50e procès intenté contre Leonidas Iza pour son travail en faveur des droits collectifs des peuples et des nationalités en Équateur.

12 Septembre 2025
Le leader autochtone Leonidas Iza poursuivi après une procédure de justice autochtone

Le 3 septembre 2025, le leader autochtone et défenseur des droits humains Leonidas Iza s'est présenté devant le parquet provincial de Cotopaxi pour faire une déposition dans le cadre d'une enquête où il est accusé d'enlèvement. Ces accusations sont liées à la détention présumée de trois policiers par des membres de la communauté de San Ignacio dans la parroquia Toscazo le 18 août 2025, après qu'ils ont été surpris en train de surveiller le leader autochtone. Les policiers ont été libérés à l'issue d'une procédure de justice autochtone de trois jours, reconnue par la Constitution de la République d'Équateur.

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Leonidas Iza est un défenseur des droits humains autochtone Kichwa Panzaleco ; il est membre de l'Organizaciones Campesinas del Norte de Cotopaxi (UNOCANC) qui appartient au Movimiento Indígena y Campesino de Cotopaxi (MICC), et l’ex président de la Confederación de Nacionalidades Indígenas Del Ecuador (CONAIE). Cela fait plus de 15 ans qu’il participe au mouvement autochtone d’Équateur, en tant que défenseur des droits des peuples autochtones, de la nature et des paysans. Leonidas Iza a déjà été poursuivi pour avoir exercé son droit légitime de manifester pacifiquement. Il a notamment été détenu arbitrairement en 2022 lors de la grève nationale et injustement accusé d'être le cerveau d'actes violents. Avec cette nouvelle procédure judiciaire, c’est le 50e procès intenté contre Leonidas Iza pour son travail en faveur des droits collectifs des peuples et des nationalités en Équateur.

Le 3 septembre 2025, Leonidas Iza a fait une déposition devant le parquet. Il avait été informé de cette requête le 26 août 2025 dans le cadre d'une enquête sur l'enlèvement présumé de trois policiers. Leur arrestation a été effectuée dans le cadre et avec les compétences de la justice autochtone, un instrument reconnu et protégé par la Constitution équatorienne depuis 1998. Les policiers ont été libérés le 21 août, après la tenue d'une audience publique de justice autochtone, à l'issue de laquelle les policiers ont reconnu les faits de surveillance et de harcèlement et ont présenté des excuses publiques à la communauté et au leader autochtone concerné. Au cours des trois jours de procédure, les téléphones portables des policiers ont également été examinés, ce qui a permis de découvrir tout un réseau d'espionnage mis en place pour surveiller les leaders et les représentants autochtones ; à lui seul, Leonidas Iza s'est vu assigner une équipe de surveillance de seize agents de haut rang, dont des sergents et des lieutenants. Le 21 août 2025, le système judiciaire ordinaire a également accepté un habeas corpus requis par la Police nationale au nom des trois policiers. La Police nationale a également porté plainte pour enlèvement contre l’UNOCANC, dont les membres sont accusés d’avoir maintenu les policiers en garde à vue jusqu’au 18 août.

Dans l'après-midi du 18 août 2025, le défenseur des droits humains autochtone Leonidas Iza se trouvait chez lui, dans la communauté de San Ignacio (Cotopaxi), lorsqu'il a remarqué que trois inconnus passaient devant sa maison pour la troisième fois, en filmant et en prenant des photos. Lorsqu'il est sorti pour les confronter, les occupants de la voiture ont tenté de s'enfuir en roulant à vive allure, manquant de peu de le renverser. Le défenseur et d'autres membres de la communauté ont réussi à les arrêter. Les trois personnes ont ensuite été identifiées comme des membres de l'unité nationale de renseignement pour la sécurité des citoyens et l'ordre public, et ont été arrêtées par des membres de la communauté autochtone de San Ignacio pour être soumises à la procédure de justice indigène. Le lendemain, le 19 août 2025, le parquet général de l'État a publié une déclaration confirmant que les trois personnes détenues étaient des policiers et qu'elles se trouvaient dans la communauté pour « collaborer à une procédure dans le cadre d'une enquête antérieure », sans fournir d'autres détails ni préciser si cette affaire était liée à Leonidas Iza.

Le même jour, les téléphones portables des agents ont été examinés au cours de la phase d'enquête de la procédure de justice autochtone. L’analyse a révélé des vidéos montrant qu'ils surveillaient Leonidas Iza depuis le vendredi 15 août 2025, mais des enregistrements remontaient à bien plus longtemps. Le même jour, une première audience publique convoquée par l'UNOCANC s'est tenue à Cotopaxi, à laquelle ont assisté des centaines de personnes de la communauté. Lors de l'audience, les informations recueillies sur les téléphones portables ont été corroborées par les déclarations des policiers.

Le 20 août 2025, les téléphones portables des policiers détenus ont de nouveau été examinés, et plus de cinq mille chats, documents et vidéos ont été trouvés, montrant une surveillance constante de Leonidas Iza et d'autres leaders autochtones. La communauté a également indiqué que les documents découverts désignaient Leonidas Iza par un surnom et qu'il existait un plan pour le faire « disparaître ». Le 21 août 2025, une audience publique de justice autochtone s'est à nouveau tenue à Cotopaxi, au cours de laquelle les leaders indigènes participants ont déclaré les trois policiers détenus coupables d'avoir envahi leur territoire, leur ordonnant de présenter des excuses publiques à Leonidas Iza et à la communauté, avant d'être relâchés.

La Constitution équatorienne établit que « les autorités des communautés, peuples et nationalités autochtones exercent des fonctions juridictionnelles, sur la base de leurs traditions ancestrales et de leurs propres lois, dans le cadre de leur juridiction territoriale ». Selon les informations accessibles au public, les faits se sont déroulés sur le territoire de la communauté autochtone de San Ignacio et ont porté préjudice à un leader autochtone, Leonidas Iza, qui a participé à la procédure en tant que partie lésée. Les audiences se sont déroulées de manière ouverte, pacifique et transparente au sein de la communauté, avec une large participation des citoyens et dans le respect des droits constitutionnels et des droits humains. L'audience a également été retransmise sur des plateformes médiatiques et des membres de la Croix-Rouge et du bureau de l’Ombudsman (Defensoría del Pueblo) y ont assisté afin de veiller à l'état physique des policiers. Des dizaines d'organisations de la société civile ont exprimé leur solidarité avec le leader autochtone et ont publié des manifestes et des déclarations condamnant ce harcèlement.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par le fait que le défenseur des droits humains autochtone Leonidas Iza soit toujours pris pour cible, et notamment par la surveillance dont il fait l'objet. L'organisation est également préoccupée par les poursuites potentielles qui peuvent être intentées contre Leonidas Iza après la mise en œuvre légitime d'une procédure de justice autochtone, ainsi que par la délégitimation de ces procédures par le système judiciaire ordinaire. Plusieurs pays d'Amérique latine, dont la Colombie (1991), le Pérou (1993), la Bolivie (2009), l'Équateur (1998) et le Venezuela (1999), reconnaissent constitutionnellement les mécanismes de justice autochtone. La Constitution équatorienne stipule également que l'État doit « veiller à ce que les décisions des juridictions autochtones soient respectées par les institutions et les autorités publiques ».

Enfin, Front Line Defenders exprime son inquiétude quant au manque d'action institutionnelle concernant le possible plan de surveillance des leaders sociaux et autochtones révélé par la procédure de justice autochtone menée dans la communauté de San Ignacio. Les systèmes judiciaires sont souvent prompts à agir contre les défenseur⸱ses des droits humains, mais lents à réagir lorsque ces derniers font l'objet d'attaques, qui donnent régulièrement lieu à des enquêtes lentes et inadéquates, ce qui contribue à un climat d'impunité et expose les DDH à des risques accrus. Front Line Defenders rappelle que cette situation se produit dans un contexte de persécution et de criminalisation de plus en plus inquiétant à l’encontre des défenseur·ses de la nature en Équateur.

Front Line Defenders exhorte les autorités équatoriennes à :

  1. Cesser immédiatement la surveillance et la criminalisation du défenseur autochtone Leonidas Iza et d'autres défenseur·ses des droits humains et de la nature en Équateur ;
  2. Prendre des mesures pour garantir que les représentants du gouvernement ou d'autres personnalités publiques s'abstiennent d’intenter des actions qui portent atteinte à la juridiction autochtone et au travail légitime des DDH indigènes ;
  3. Empêcher l'utilisation abusive et inappropriée de mesures de surveillance injustifiées à l'encontre des défenseur⸱ses des droits humains et de la nature, et des organisations de la société civile ;
  4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous les défenseur·ses des droits humains en Équateur puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.